D’une longueur approximative de 2011km, hormis les frontières maritimes, les frontières internationales du Bénin peuvent être classées en deux (02) catégories distinctes à savoir : les frontières conventionnelles (frontières bénino-nigériane entre la France et la Grande-Bretagne et bénino-togolaise entre la France et l’Allemagne) ; les frontières non conventionnelles : frontière bénino-nigérienne dont le tracé vient d’être défini par la Cour Internationale de Justice (verdict prononcé le 12 juillet 2005) et la frontière bénino-burkinabè, dont le tracé est en instance de soumission à la CIJ, délimitant les territoires des anciennes colonies françaises appartenant à l’ex-AOF. Une évaluation de la gestion des frontières de 1977 à 2010 a mis en exergue une absence d’intérêt et d’attention de la part des pouvoirs publics pour les espaces frontaliers, ce qui a pour conséquences : la violation de l’intégrité territoriale (Illoua, Igbokofi, Ogamoin, Datcha… etc.) ; l’insécurité grandissante à nos frontières à cause du faible maillage territorial des Forces de Défense et de Sécurité ; les fréquents déplacements des bornes frontières suivis de spoliations des terres (Azondogahoué, Ifangni, Nikki, etc.) ; les incidents dus à l’exploitation frauduleuse des ressources minières de notre pays (Ségbana) ; l’extraversion de l’économie nationale, notamment la fraude des produits agricoles, l’utilisation de la monnaie étrangère ; les difficultés liées à l’ouverture du ravin d’Adjarra ; etc. Cette situation s’explique par les facteurs suivants : La négligence des frontières béninoises jusqu’à une date récente par les Gouvernements successifs ; L’inexistence d’une politique nationale des frontières dans laquelle devraient converger de façon cohérente et coordonnée l’ensemble des programmes sectoriels de l’Etat en direction des zones frontalières ; Les données sur les espaces frontaliers et les dynamiques territoriales qui les sous-tendent sont dispersées dans les administrations sectorielles et aucune analyse transversale suffisante n’existe pour faire de la prospective territoriale sur ces zones géostratégiques ; L’inexistence jusqu’en 2008 d’un financement spécifique, dédié aux localités frontalières dans leur ensemble. Les projets de développement souvent initiés visent beaucoup plus la gestion des ressources naturelles partagées que la problématique « zones frontalières et espaces transfrontaliers » ; Les communes et arrondissements frontaliers comptent parmi les localités les plus pauvres du Bénin. Ce sont des zones enclavées, dépourvues d’infrastructures vitales et tournées vers les pays voisins pour l’essentiel des services aux citoyens. Les populations de ces zones géostratégiques sont beaucoup plus favorables aux pays voisins qu’au Bénin. C’est pour inverser cette tendance qu’en 2007, la gestion des frontières a été élevée au rang des priorités nationales et consignée dans les Orientations Stratégiques de Développement (OSD) du Bénin, 2006-2011, pages 71-72, sous le thème : « Espaces Frontaliers- Sécurité Publique et Développement » et dans le Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté 2011-2015 sous le thème : « Promotion des Espaces Frontaliers », page 136. Ainsi, dans le cadre de la mise en œuvre de la Politique Nationale de Développement des Espaces Frontaliers à travers le Programme National de Gestion Intégrée des Espaces Frontaliers, l’ABeGIEF a mis un accent particulier sur la construction d’infrastructures socio-communautaires et de sécurité, le renforcement des capacités des FDS et des groupements féminins sur les Activités Génératrices de Profits, l’organisation de consultations foraines, l’octroi de divers dons au profit des populations frontalières et la promotion de la coopération transfrontalière. Malgré ces mesures, les problèmes persistent le long des frontières internationales de notre pays. Il urge alors de trouver de nouvelles stratégies de résolution des différentes crises et de rechercher de nouvelles sources de financement afin de sécuriser les espaces frontaliers et d’améliorer les conditions de vie des populations qui y vivent. Ainsi, les 03 et 10 Avril 2014, des séances de travail ont été tenues respectivement avec les Généraux pensionnés et l’Etat Major Général. L’objectif de cette activité est de porter à la connaissance des anciens généraux et officiers ayant des expériences relatives aux questions de frontières, les menaces actuelles qui font obstacles à la sécurisation et au développement des espaces frontaliers de notre pays et de rechercher de nouvelles stratégies pour riposter contre ces menaces grandissantes. Les recommandations majeures qui en sont issues sont relatives à la mise en place d’une plateforme de réflexion prospective et géostratégique entre la structure en charge des frontières et les Généraux pensionnés et la révision du maillage territorial des Forces de Défense et de Sécurité.