CONTEXTE ET JUSTIFICATION
En décembre 2019, s’est déclaré dans la ville de Wuhan, province de Wu Bei en Chine, un nouveau syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) dénommé virus à couronne ou coronavirus en anglais, en abréviation COVID-19. Très tôt, cette maladie a pris l’allure d’une épidémie, puis d’une pandémie. De nos jours, plus de 180 pays dans le monde sont atteints par cette pandémie. C’est ainsi que le Bénin a enregistré son premier cas début mars 2020.
Depuis cette date, le nombre de cas confirmés ne cesse d’augmenter. Au bilan du 3 mai 2020, soit 2 mois environ après le premier cas confirmé, le pays a enregistré 96 cas confirmés, 50 cas guéris, 44 cas sous traitement et 2 cas de décès. Face à cette crise sanitaire mondiale, le Gouvernement et son Chef, le Président de la République ont pris un certain nombre de mesures en vue de lutter contre la pandémie au Bénin. En effet, dans un premier temps, ces mesures vont du renforcement du contrôle sanitaire aux frontières terrestre, maritime et aérienne et au confinement des personnes venant d’un pays atteint par la pandémie pendant 14 jours. Des hôtels ont été réquisitionnés à cet effet. Dans un second temps et face à l’évolution de la maladie, le Gouvernement a institué un cordon sanitaire autour de Cotonou, porte d’entrée aérienne du pays et des 11 communes satellites : Abomey-Calavi, Zê, Allada, Toffo, Tori-Bossito, Ouidah, Kpomassè, Sèmè-Kpodji, Porto-Novo, Adjarra et Akpro-Misserete. L’objectif est d’isoler les 12 communes qualifiées de zone à risque à la pandémie du reste du pays pour limiter sa propagation. Tous les médias du pays sont réquisitionnés pour l’information et la sensibilisation des populations sur les symptômes de la pandémie et les gestes barrières. La lutte préventive a été intensifiée par le Gouvernement à travers le réaménagement du temps de travail dans l’administration publique, la fermeture des établissements scolaires et universitaires, la mise en quarantaine de la zone du cordon sanitaire, principal foyer de propagation de la maladie, le renforcement du contrôle aux frontières terrestres, aérienne et maritimes, le port obligatoire de masques, etc.
Malgré ces efforts du Gouvernement, le niveau de prise de conscience des populations surtout en milieux ruraux demeure faible. L’attitude des populations est en inadéquation avec les mesures barrières recommandées. Cette attitude se justifie par la faiblesse des informations en direction de ces populations et leur niveau de pauvreté.
Particulièrement dans les espaces frontaliers, les enjeux liés à la lutte sont plus importants. En effet, le faible taux de couverture des médias et des réseaux de télécommunication de ces zones, leur enclavement, leur marginalisation ne leur permettent pas d’avoir l’information en temps réel et donc de prendre conscience du risque. Par conséquent, les populations n’ont pas une bonne appréciation des risques et ne prennent aucune mesure de lutte contre la propagation de la pandémie. Le faible accès à l’eau potable dans ces zones ne leur permet pas de satisfaire leurs besoins vitaux et d’en utiliser pour le lavage des mains. Les espaces frontaliers sont des zones de contact et de brassage des populations, d’où la nécessité de travailler en synergie avec les autres pays pour lutter efficacement contre ce fléau.
Au Bénin, trente-six (36) des soixante-dix-sept (77) communes sont frontalières et comptent parmi les plus pauvres, les plus enclavées et les plus déshéritées. Ce qui fait de leurs populations des cibles les plus vulnérables et de potentielles poches de contamination et de propagation du COVID-19.
C’est pourquoi, l’Agence béninoise de Gestion intégrée des Espaces frontaliers (ABeGIEF), soucieuse du mieux-être des populations frontalières, en plus de ses ressources propres, sollicite l’appui des partenaires techniques et financiers pour contribuer à la lutte contre la propagation de cette pandémie dans ces espaces sensibles et géostratégiques.
Le but visé est d’éliminer les risques de contamination en mettant à la disposition des populations de ces espaces les moyens de promotion du lavage des mains à l’eau et au savon qui est une pratique pour éradiquer plusieurs maladies. Aussi, faut-il aider les ménages à faire de cette pratique un réflexe en vue de freiner la propagation du virus.
Avec la distribution du dispositif de lavage de mains (DLM) dans les centres de santé, les écoles, les marchés et autres lieux publics, des masques ou cache-nez et du gel ou solution hydro-alcoolique dans les ménages, le renforcement de résilience des populations serait un acquis.
OBJECTIFS
L’objectif du plan d’urgence est d’accompagner les populations frontalières dans la lutte contre la propagation du coronavirus au Bénin.
De façon spécifique, il s’agit de :
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impliquer les populations des espaces frontaliers dans la lutte contre la propagation du COVID-19 à travers une campagne de sensibilisation ;
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doter les localités frontalières des dispositifs de lavage de mains (DLM), des masques ou cache-nez, du gel ou solution hydro-alcoolique, de vivres, de thermomètres électroniques ;
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sensibiliser les autorités locales et populations frontalières et transfrontalières sur les gestes barrières ;
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renforcer la vigilance dans les espaces frontaliers ;
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renforcer les capacités des populations frontalières à travers la formation et l’équipement des groupements de femmes pour la production de masques et gel ou solutions hydro-alcooliques ;
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marquer la présence, l’utilité et la solidarité de l’État, des partenaires techniques et financiers et des organisations de la société civile à l’endroit de ces populations vulnérables ;
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se doter d’un cadre de concertation avec les structures de gestion des frontières des pays voisins sur les stratégies de lutte contre la propagation du COVID-19 dans les espaces transfrontaliers ;
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accompagner le Gouvernement dans la phase de sortie du confinement.
PUBLIC CIBLE
Les cibles sont les :
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élus locaux et leurs collaborateurs,
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chefs coutumiers et religieux,
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organisations de la société civile,
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différentes couches sociales,
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catégories socioprofessionnelles,
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leaders d’opinions,
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services déconcentrés de l’État,
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populations des villages/fermes des espaces frontaliers.
En résumé, le plan d’urgence vise la formation de 100 couturières en production de masques réutilisables et de 115 agents de santé sur les protocoles de détection des cas suspects et premières prises en charge de la covid 19.
En plus des formations, s’ajoutent des dons de matériels de couture pour les groupements de femmes et de matériels de prévention au profit des différente cibles sus-mentionnées. Il s’agit de :
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100 dispositifs de lavage des mains
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10.000 masques de protection réutilisable
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100 bidons de 30 litres de solution hydro alcoolique
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1000 flacons de 500mililitre et de 300 ml
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50 de rouleaux de tissus gabardine et de popeline
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Plusieurs dizaines de matériels de couture : paquets de boites d’aiguilles à machine, paires de ciseaux, cartons de bobines de fil de couture, bobines d’élastique, paquets de sachets d’emballage, etc.
LA 7e ĖDITION SEMAINE DES FRONTIÈRES BĖNINOISES LANCE LE PLAN D’URGENCE
La 7ème édition de la Semaine béninoise des frontières a été célébrée cette année dans un contexte particulièrement étriqué, marqué par la survenance de la pandémie du Coronavirus. D'ailleurs, le thème retenu en dit long : « Gestion des frontières et enjeux sanitaires : prise en charge de la Covid-19 ». Conscient de la vulnérabilité des populations des zones frontalières (zones réputées pour leur fort taux de brassage) face aux assauts du méchant virus et face à l'urgente nécessité de sensibiliser sur les mesures barrières (port de masque, lavage des mains à l'eau et au savon, distanciation etc.), l’ABeGIEF a très tôt entrepris de réorienter ses actions à travers un plan d'urgence, au profit de ces dernières. Bien loin des discours cérémoniels, le Directeur général Marcel A. Baglo et son équipe ont préféré des actions concrètes : formation, sensibilisation et don de matériels de prévention (dispositifs de lavage des mains, masques, solution hydro alcoolique et flacons). Ce plan d'urgence s’étendra à toutes les communes frontalières d'ici novembre 2020, avec l'appui des Partenaires techniques et financiers.
Ainsi donc en collaboration avec la Direction des services de l'intendance des armées (DSIA), l'agence a procédé en juin 2020 à la formation des femmes du Groupement des couturières de Iwoyé et environs, en production de masques réutilisables. Au total, 25 femmes ont bénéficié de cette formation dispensée par les militaires couturiers de la DSIA et qui a permis aux bénéficiaires de s'approprier les mesures barrières dans le cadre de la prévention et de la lutte contre la Covid-19. Comme à Agoué(commune frontalière de Grand-Popo) où les populations ont reçu dans ce cadre un important lot de matériels de protection et plus de 250 cartes biométriques pour une libre circulation dans l’espace CEDEAO, des lots de matériels de protection composés de dispositifs de lavage des mains, de solutions hydro alcooliques et de masques réutilisables ont été également mis à la disposition du centre de santé de la localité, du groupement des femmes productrices de gari, du groupement des femmes couturières, du centre des éleveurs de bétail, des élus locaux et de la Mairie de Kétou. Des efforts salués par le Roi ALLAYE Adémonla du Nigeria, accompagné pour la circonstance, d'une forte délégation de la police des frontières d'Imèko.
Aussi, cette formation s'est-elle poursuivie avec la collaboration de la SOBeMI (fidèle partenaire de L’ABeGIEF depuis 7 ans pour les consultations médicales foraines), au profit des agents de santé des localités frontalières de Kpoba (Djakotomey) et de Dévé (Dogbo), sur la reconnaissance des symptômes de la Covid-19 et la prise en charge des personnes affectées. Ladite formation a porté sur la présentation des outils de surveillance de la Covid-19 (définition de cas, algorithme de gestion des alertes et des cas, fiche de notification), la présentation des mesures de prévention, de suivi des cas positif de la Covid-19 et des contacts, puis enfin sur les particularités de la surveillance transfrontalière. S'agissant de la surveillance transfrontalière, des mesures spécifiques ont été retenues dont la mise en place du dispositif de désinfection des mains avec des solutions hydro alcooliques sous la surveillance d'une équipe au niveau des points d'entrée, l'utilisation de thermos détecteurs pour identifier toutes personnes suspectées de fièvre, la mise à disposition de bavettes au profit du personnel et des usagers qui toussent ou éternuent, l'animation d'une salle d'isolement aux centres de santé les plus proche du point d'entrée, la détection de certificat sanitaire pour les animaux et tout produit contenant des fruits de mer en provenance des zones à risques. Comme à Iwoyé, d'importants lots de matériels pour la protection et la lutte contre la propagation de la Covid-19 ont été mis à la disposition des deux centres de santé, des élus locaux, de la coordination zone sanitaire et de la Direction départementale de santé du Couffo.
Poursuivant son plan d'urgence, L’ABeGIEF a sollicité et obtenu au profit de l'Unité spéciale de surveillance des frontières (Ussf), un appui financier des États-Unis d'Amérique à travers sa représentation diplomatique au Bénin. Cet appui a été matérialisé par un accord de don d'équipements composés de mille cent cinquante-huit (1158) pièces de masques réutilisables et trois cent quatre-vingt-six (386) flacons de gel hydro alcoolique. Convaincus de ce qu’on ne peut développer un pays avec des citoyens malades, l'ABeGIEF vient ainsi de s'engager aux côtés des populations frontalières, pour le noble combat de la prévention et de la riposte contre la pandémie du siècle.
Liste des matériels distribués juin à 2020
10.000 masques réutilisables
100 dispositifs de lavage des mains
100 bidons de 30 litres de solutions hydroalcoolique soit 3000 litres
200 flacons de 500ml
500 flacons de 300ml
En somme, 100 couturières et plus de 115 agents de santé ont pu bénéficier de formations chacun dans son domaine. Pour mieux équiper les couturières, d’importants lots composés de plusieurs dizaines de rouleaux de tissus gabardine et de popeline, de paquets de boites d’aiguilles à machine, de paires de ciseaux, de cartons de bobines de fil de couture, de bobines d’élastique et de paquets de sachets d’emballage leur ont été gracieusement offerts. En plus de l’équipement, des matériels de prévention ont été mis à disposition des populations frontalières. Au total, 100 dispositifs de lavage des mains, 10.000 masques de protection réutilisable, 100 bidons de 30 litres de solution hydro alcoolique ainsi que 1000 flacons de 500mililitre et de 300 ml ont été distribués.