En décembre 2019, s’est déclaré dans la ville de Wuhan, province de Wu Bei en Chine, un nouveau syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) dénommé virus à couronne ou coronavirus en anglais, en abréviation COVID-19. Très tôt, cette maladie a pris l’allure d’une épidémie, puis d’une pandémie. De nos jours, plus de 180 pays dans le monde sont atteints par cette pandémie. C’est ainsi que le Bénin a enregistré son premier cas début mars 2020.
Depuis cette date, le nombre de cas confirmés ne cesse d’augmenter. Au bilan du 30 novembre 2020, soit 8 mois environ après le premier cas confirmé, le pays a enregistré plus de deux mille cas confirmés et environ quarante cas de décès. La majorité a été guérie après traitement au grand bonheur du peuple. Ce résultat est le fruit des mesures préventives prises très tôt par le Gouvernement béninois en vue de lutter contre la pandémie du coronavirus.
En effet, tous les médias du pays ont été réquisitionnés pour l’information et la sensibilisation des populations sur les symptômes de la pandémie et les gestes barrières. La lutte préventive a été intensifiée par le Gouvernement à travers le réaménagement du temps de travail dans l’administration publique, la fermeture des établissements scolaires et universitaires, la mise en quarantaine de la zone du cordon sanitaire, principal foyer de propagation de la maladie, le renforcement du contrôle aux frontières terrestres, aérienne et maritimes, le port obligatoire de masques, etc.
Malgré ces efforts du Gouvernement, le niveau de prise de conscience des populations surtout en milieux ruraux était faible. L’attitude des populations frontalières était en inadéquation avec les mesures barrières recommandées. Cette attitude se justifie par la faiblesse des informations en direction de ces populations et leur niveau de pauvreté.
Particulièrement dans les espaces frontaliers, les enjeux liés à la lutte sont plus importants. En effet, le faible taux de couverture des médias et des réseaux de télécommunication de ces zones, leur enclavement, leur marginalisation ne leur permettent pas d’avoir l’information en temps réel et donc de prendre conscience du risque. Par conséquent, les populations n’ont pas une bonne appréciation des risques et ne prennent aucune mesure de lutte contre la propagation de la pandémie. Le faible accès à l’eau potable dans ces zones ne leur permet pas de satisfaire leurs besoins vitaux et d’en utiliser pour le lavage des mains. Les espaces frontaliers sont des zones de contact et de brassage des populations, d’où la nécessité de travailler en synergie avec les autres pays pour lutter efficacement contre ce fléau.
Au Bénin, trente-six (36) des soixante-dix-sept (77) communes sont frontalières et comptent parmi les plus pauvres, les plus enclavées et les plus déshéritées. Ce qui fait de leurs populations des cibles les plus vulnérables et de potentielles poches de contamination et de propagation de la COVID-19.
C’est pourquoi, l’Agence béninoise de Gestion intégrée des Espaces frontaliers (ABeGIEF), soucieuse du mieux-être des populations frontalières, a très tôt entrepris de réorienter ses actions à travers un plan d'urgence au profit de ces dernières. Elle a, en plus de ses ressources propres, sollicite l’appui des partenaires techniques et financiers pour contribuer à la lutte contre la propagation de cette pandémie dans ces espaces sensibles et géostratégiques.
Le but visé est de renforcer les actions du Gouvernement et d’éliminer les risques de contamination en mettant à la disposition des populations de ces espaces les moyens de promotion du lavage des mains à l’eau et au savon qui est une pratique pour éradiquer plusieurs maladies. Aussi, faut-il aider les ménages à faire de cette pratique un réflexe en vue de freiner la propagation du virus.
La mise en œuvre du plan d’urgence a débuté en juin au cours de la 7e édition de la Semaine des Frontières Béninoise (SFB) et s’est étendu jusqu’en novembre 2020. Plusieurs actions ont été menées. Il s’agit de :
- la campagne de sensibilisation et la diffusion de micro programmes sur les mesures barrières sur toutes les radios communautaires en français et deux langues locales les plus parlées ;
- la formation des groupements de femmes couturières des communes frontalières de Kétou, Nikki, Savalou et Banikoara en production de masques réutilisables avec l’appui technique de la Direction du Service de l’Intendance des Armées (DSIA) ;
- la formation desagents de santé des départements du Plateau, des Collines, de la Donga et de l’Atacora sur la reconnaissance des symptômes de la COVID assurée par les médecins de la Société béninoise de Médecine interne (SOBEMI) ;
- la distribution de matériels de prévention (Dispositifs de lavage des mains, masques réutilisables, solution hydro-alcoolique) aux acteurs et populations frontaliers.
En somme, plus de 100 couturières et environ 115 agents de santé ont bénéficié de formations chacun dans son domaine en plus des matériels de prévention contre la covid 19 mis à leur disposition. En outre, d’importants lots composés de plusieurs dizaines de rouleaux de tissus gabardine et de popeline, de paquets de boites d’aiguilles à machine, de paires de ciseaux, de cartons de bobines de fil de couture, de bobines d’élastique et de paquets de sachets d’emballage leur ont été gracieusement offerts.
Au total, 100 dispositifs de lavage des mains, 10.000 masques de protection réutilisable, 100 bidons de 30 litres de solution hydro alcoolique ainsi que 1000 flacons de 500mililitre et de 300 ml ont été distribués.
Toutes ces actions ont été possible grâce au Gouvernement et à l’appui financier de la Coopération allemande à travers la GIZ. Les États-Unis d'Amérique à travers sa représentation diplomatique au Bénin ont également participé à l’opérationnalisation du plan d’urgence par un accord de don d'équipements composés de mille cent cinquante-huit (1158) pièces de masques réutilisables et trois cent quatre-vingt-six (386) flacons de gel hydro alcoolique au l'Unité spéciale de surveillance des frontières (USSF).
Dans l’espoir que cette pandémie prenne fin, l’ABeGIEF, consciente de sa mission, poursuit pleinement sa partition au niveau des frontières béninoises et pour le bien-être des populations qui y vivent !